vendredi 23 décembre 2016

4ème partie: L'énigme de la vie



Je me rappelle les larmes versées, quand je lus "Les quatre filles du docteur March". Cette détresse poignante, et cette résignation triste. Je me souviens d'avoir beaucoup pleuré, à la lecture à table de la lettre du père au Noël qu'ils allaient passer sans déjeuner, à l'annonce de la maladie du papa, puis au voyage de la maman qui laisse ses filles toutes seules, à la maladie de la petite Bath, quand Jo a vendu ses cheveux. J'ai pleuré la mort, le sacrifice, leur force et leur courage. 
A mesure que j'écris ces mots, je me rappelle les sentiments qui m'avaient traversés lors de la lecture de ce roman que je ne cesserai jamais de relire. Même la fin m'avait paru nostalgique. Que de beauté en un seul livre ! 
Mais quelles que soient les larmes que j'ai versées en lisant ce bouquin, elles n'égaleraient jamais celles que j'ai pu répandre lors de ma lecture de "La Case de l'oncle Tom". Lu d'un seul trait, lors d'un voyage de Rabat à Marrakech, j'ai connu la vie dans les plantations de coton, j'ai souffert d'être une esclave, condamnée à des années de travail acharné et épuisant, d'humiliations et de brutalités. Pour l'adolescente que je suis, vivant rose, je découvre un autre monde. 
La souffrance m'accablait tout autant que les personnages du roman. Je me souviens toujours du comment j'avais été triste quand Tom avait quitté sa femme et ses enfants, après avoir été vendu, je n'oublierais jamais à quel point j'ai eu peur quand Elisa s'enfuyait, avec son petit garçon.
Adolescente de 15 ans, assise à l'arrière d'une banquette de voiture, je lisais la mort, les déchirements, les séparations, les sacrifices. Je connus aussi la solidarité, la vraie amitié, le vrai amour, l'amour d'une mère, l'amour d'un mari, des sentiments qui étaient tellement lointains de la mienne, mais qui me semblaient trop proches. Je lisais un courage inhumain, surhumain, une phrase qui me marqua, et qui me marquera à jamais: On vous a vendu mon corps mais pas mon âme; Harriet Beecher-Stows, La Case de l'oncle Tom.
Comme j'ai déjà dis, je lis parce que je cherche des réponses, je lis parce que je me pose des questions, des  questions auxquelles nous n'avons pas trouvé des réponses après quatre millions d'années d'existence. Et à défaut d'organiser un feu de camp avec les sept milliards d'humains pour en discuter, et manquant de courage, pour aller serrer la main du premier inconnu croisé dans la rue pour l'inviter à réfléchir ensemble à l'énigme de la vie, je lis. 


Sassioui Salma, 16 ans. Amante de la lecture.

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