vendredi 16 décembre 2016

1ère partie: Lire, c'est échapper au système.



De ma chambre, perchée au premier étage à Témara, aux escaliers interminables, et d'une fenêtre qui ne donne que sur des maisons encore plus monstrueuses, j'essaie de discerner un peu de beauté dans ce triste paysage, un peu d'espoir et de rêve dans ce monde figé... Je ne trouve rien.
Les mêmes murs de bétons s'acharnent à vouloir toucher le ciel, les mêmes voitures à vouloir dépasser la lumière, les mêmes mines tristes et déprimées, les mêmes papas, fatigués, épaules courbées que les costards bon marché n'arrivent pas à relever, les mêmes enfants qui marchent, tête baissée, les mêmes mamans sorties acheter du pain. Les mêmes victimes d'un système cruel, dont je fais partie.
Ces gens, et pour se débarrasser de l'affreuse routine de leur vie ennuyeuse, vivent les vies des autres. C'est pour cette raison que les femmes passent leur temps à parler au téléphone, à propos de telle cousine qui s'est mariée et tel grande tante décédée. C'est pour cette raison que les cafés sont remplis d'hommes, qui eux aussi, discutent du monde autour d'eux, critiquent ce jeune au pantalon baissé qui passe devant eux, cette fille à la jupe trop courte, ce ministre qui ne fait pas assez son travail. C'est aussi pour ça que notre jeunesse passe son temps à visiter les profils Facebook de leurs amis.
C'est peut-être pour cela que moi je lis, ou aussi parce que le ciel est trop gris, les murs trop hauts et le silence trop épais. Parce que je n'arrive pas à rêver, et parce qu'il faut que je rêve ! 
Lire et écrire, les deux revers d'une même médaille après tout, non ? L'un ne peut exister sans l'autre. Les auteurs ne seraient pas sans leurs lecteurs, et nous ne serions probablement pas les personnes que nous sommes aujourd'hui sans ces "demi-dieux". 
Ils ont le pouvoir de changer nos vies, ils ont le don de créer des mondes qui n'existaient pas, ils sont presque éternels et sont les créateurs de cet objet magique qui change d'apparence entre les mains de chacun de nous, pour se transformer en fin de compte en un miroir reflétant nos propres vérités.
Je lis parce que le monde est tellement grand et ma vie est trop courte, parce que je n'ai pas le temps de tout voir, ni de tout comprendre, et qu'à défaut de pouvoir le faire, je veux l'imaginer.
Lire me semble être parfois la meilleure façon de vivre, au pire la meilleure façon de survivre. Oh! Évidemment, je ne dis pas que la vie se résume à plonger son nez dans une pile infinie de livres et passer son temps à admirer la beauté d'un défilé de pages... Je dis seulement que lire me semble être une réaction instinctive lorsque l'on choisit de dédier sa vie... à la vie. Et à la compréhension du monde qui nous entoure.



Signé: Sassioui Salma, 16 ans. Amante de la lecture.






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